jeudi 6 janvier 2011

Nouvel an et gueule de bois.

D'après un sondage BVA-Gallup, les français sont les champions du pessimisme. Ce n'est pas aujourd'hui que nous démentirons ce titre de gloire. On sera au moins les champions dans un domaine.

L'année 2010 aura rimé avec les restrictions budgétaires.
De nombreuses associations (notamment culturelles) en ont fait les frais.
Pourtant, malgré certains abus, l'argent public dépensé dans l'éducation et l'accompagnement évite, dans bien des cas, la répression future des citoyens perdus.

Livres au Trésor faisait partie de ces équipes qui effectuent un travail admirable en faveur de la lecture et de l'enfance, dans un département, de surcroît, qui en a bien besoin (Seine-Saint-Denis). C'est fini.
Nous vous invitons à consulter leur site avant la fermeture de celui-ci et à conserver leurs dossiers PDF qui sont d'une qualité exemplaire.


Dans le même temps,
Actualitté, le site d'informations, gratuit et indépendant, consacré au Livre, annonce la fermeture du Comptoir des Indépendants. Difficile mais guère surprenant. En espérant qu'il n'y ait pas trop de dégâts pour les éditeurs diffusés...


Peu de gens, hors du cercle éditorial, connaissent la situation des salariés du Livre. C'est pourquoi nous relayons le énième appel votif des partenaires sociaux pour l'ouverture d'un dialogue avec le SNE.

Lettre ouverte à Antoine GALLIMARD
Président du Syndicat national de l'Édition



Paris, le 5 janvier 2011

Monsieur le Président,

Notre déception est profonde en ce tout début d’année 2011 de constater que vos six premiers mois de présidence à la tête du SNE n’ont en rien modifié les pratiques, ni les desseins de votre organisation professionnelle à l’égard de l'intersyndicale de la branche et des salariés qu’elle représente.

Pour le SNE, la dimension sociale demeure à l’évidence la dernière de ses préoccupations !

Pourtant, lors de notre rencontre du 22 septembre 2010, après votre élection à la tête du SNE, les organisations syndicales avaient pu espérer, sur la base de vos propos, que vous ne laisseriez pas un sujet de négociation aussi important que la nécessaire revalorisation des salaires minima conventionnels enterré dans la situation de blocage et d'échecs subis depuis des années.

Au cours des trois dernières années, la délégation du SNE a fait pression sur l'intersyndicale pour obtenir la suppression de la garantie annuelle de salaire, équivalent d'un treizième mois conventionnel. Or, il s’agit là de l’un des rares et derniers acquis pour les salariés de l’Édition qui n’a pas été supprimé à l’occasion des dénonciations en série de la convention collective par le SNE !
Le chantage permanent du SNE pour obtenir la suppression de cette garantie annuelle contre un relèvement des grilles de salaires minima aboutit aujourd’hui à ce que l’ensemble des niveaux conventionnels des employés et deux niveaux des agents de maîtrise et techniciens se situent sous la barre du SMIC, ce qui est indigne de notre branche.

Lors du comité de suivi national de la négociation salariale de branche, le 25 novembre 2010, l’Édition a été signalée par la Direction générale du travail comme l’un des deux plus mauvais élèves parmi toutes les branches professionnelles. Un tel état de fait, très nuisible non seulement aux salariés mais aussi à l'image de notre branche, peut-il vous satisfaire, en votre qualité de Président chargé de défendre les intérêts de l’Édition française ?

La question du relèvement des salaires n’est pas, hélas, le seul sujet social laissé à l’abandon par la commission sociale du SNE. Le sombre bilan de l’année 2010 est éloquent :
  • refus d’une négociation de branche en vue d’un accord sur l’emploi des « seniors » ;
  • rejet de toute discussion sur la portabilité de la prévoyance, le SNE ayant affiché sur ce sujet un cynisme total à l’égard des anciens salariés de l’Édition indemnisés au chômage !
  • manque total de volonté d’aboutir à la révision de l’accord de branche pour l’accès des salariés à la formation professionnelle ; depuis plus de six mois, la délégation sociale du SNE ne convoque plus les organisations syndicales, alors que le SNE dispose d’un texte complet proposé par celles-ci…
  • et toujours aucune négociation engagée sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, ni la moindre initiative du SNE pour stabiliser les conditions d’application du dialogue social dans la branche et les entreprises, en application des dispositions de la loi du 20 août 2008 !
Rien ne justifie, au plan économique, que les dirigeants de la branche de l’Édition affichent un tel mépris à l’égard du devenir des quelque 14 800 salariés (sources bilan 2009 OPCA CGM) qui contribuent à l’activité de l’Édition française et à son essor.

Le chiffre d’affaires de l’Édition est resté stable ces trois dernières années (2 829 millions d’euros en 2009). Une stabilité que lui envient bien d’autres secteurs culturels touchés par la crise. Car le livre demeure largement en tête des biens culturels en termes de poids économique du secteur : il pèse pour 54 % dans son chiffre d’affaires global, contre 10 % pour les CD, 18 % pour la vidéo et 18 % pour les jeux vidéo.

L’Édition française vient d’obtenir des pouvoirs publics l’extension du taux de TVA à 5,5 % sur les livres téléchargeables, ce qui augmente encore les conditions économiques favorables et protectrices dont elle bénéficie.

La branche pourra-t-elle encore longtemps prétendre bénéficier des allègements de charges sur les bas salaires que lui procurent les milliers de salariés qu’elle paie au SMIC, notamment ces salariés qui assurent les activités de distribution du livre et dont le SNE ne veut pas reconnaître l’affiliation à la convention collective… ?

En ce tout début d’année où la coutume s’inscrit dans la transmission des vœux pour les mois à venir, nous voulons souhaiter pour la branche de l’Édition l’avènement d’un dialogue social loyal, libéré des chantages et des arrière-pensées. Un dialogue équilibré, respectueux des salariés et de leurs représentants. Un dialogue qui sorte du moins-disant social et des atermoiements.

Car ce dialogue, vous le savez, est indispensable pour relever de manière moderne et responsable les défis complexes qui attendent l’Édition, notamment ceux du numérique.

Monsieur le Président, il faut que 2011 marque la fin de l’indigence sociale pour les salariés de l’Édition française !

Paris, le 5 janvier

Pour la CFDT Martine Prosper m.prosper@casterman.com
Pour la CGT Laurent Gaboriau gaboriau@filpac-cgt.fr
Pour FO Jacqueline Becker fosnpep@voila.fr
Pour la CFTC Robert Vanée cftcfedecom@free.fr
Pour la CFE-CGC Véronique Chanson veronique.chanson@placedesediteurs.com


Ce sera tout pour aujourd'hui.
Les années passent et se ressemblent (nous ne regardons même pas ailleurs).
2011 embraye sur 2010.

Vivement l'année prochaine qu'on rigole !

- Monsieur -

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