jeudi 9 décembre 2010

Le Prince du Coeur

Costes est difficile d'accès.
Certains dénoncent sa violence et ses provocations, ses performances incantatoires.

Personnages frénétiques sortis d'un carnaval, le sexe, la merde et la mort s'agitent ensemble dans son univers douloureux, comme dans une religion première, dans la pureté originelle.

Jean-Louis Costes est un enfant qui vient de naître.
Couvert d'humeurs, affolé par les rires grimaçants des adultes vers lui,
enivré d'oxygène, c'est son cri qu'on entend!

Accouchement, naissance. Arrêt sur image.
Costes est un nouveau-né. Affolé, grisé, il hurle.

Jean-Louis Costes grandit. Il reprend son cri. Il ne se libère pas.
Les humeurs, les rires autour de lui, les larmes.
La naissance. Tout est agression.
Tout est répétition.
Jean-Louis Costes est l'apparition de l'Homme.

Il défie le Monde, il s'en défie : Intérieur - extérieur.
Nous sommes dans la dualité ;
différence de perception, de regard :
l'enfant nu et les autres, les autres vers l'enfant nu.
La main tendue fait peur.
Costes décrit la guerre.


Le Prince du Cœur est une prière dessinée, une bande dessinée d'Art "brut".
Cet album est une pièce de plus à l'édification de l'œuvre,
un élément vers la compréhension.
Violent, coloré, Le Prince du Cœur est parfaitement construit, maîtrisé.
C'est le chant d'un chaman, la suite logique des spectacles et des textes.
Jean-Louis Costes y reprend ses douleurs (le carcan familial, la rigidité d'un père, le rejet, la négation de soi pour être accepté des autres, les incompréhensions...), ses obsessions (le Christ crucifié, martyr...).
Il expulse ses démons, se purifie dans la colère et l'amour. Il se libère.

C'est le combat auquel on assiste
comme un exorcisme avant (afin) de trouver l'apaisement.

Le Prince du Cœur de Jean-Louis Costes aux éditions Les Requins Marteaux, 2010.

Pot Pourri  aux éditions du Dernier Cri est toujours disponible. 

- Monsieur -

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