jeudi 22 novembre 2007

Au sujet des tracts de Marc-Edouard Nabe (MEN)




J'ai décollé cette affiche dimanche 18 novembre 2007, vers 9 heures, rue de Javel (Paris XV). Le mur lépreux et la température proche de zéro rendaient la colle inefficace. Une heure plus tard, les quelques tracts qui restaient dans le quartier avaient été déchirés, lacérés, souillés.
Les pamphlets de Nabe ne laisseraient pas indifférent à moins que ce ne soit le polémiste en question qui les fassent saccager.
En effet, Nabe prétend être victime d'ostracisme, il se dit isolé, mis à l'index à cause de ses prises de position vindicatives. Pourtant, il continue d'être édité.
Nabe se joue des médias qui s'amusent avec lui. Il se dit censuré (ce qui est souvent vrai), manipulé. Pourtant, il connaît le système, le maîtrise.
De toutes ces situations, je n'arrive pas à déceler le vrai du faux, la part de l'ombre. C'est pourquoi je m'en tiendrai à quelques impressions sur cet auteur sans m'arrêter sur ses dessins ni sur l'importance du jazz dans sa vie.
Nabe se compare à Houellebecq mais il n'y a pas la place pour deux "âmes noires" sur le podium de la reconnaissance. Parmi les plus célèbres de nos sombres écrivains contemporains, Dantec s'est exilé, oiseau de mauvais augure, perché dans son nid d'aigle, il s'est placé "hors-jeu".
Nabe a choisi d'endosser le costume du perdant: maudit à l'extrême; refusé! Il défend son franc-parler, son jusqu'au boutisme. Régulièrement, on peut l'entendre (ce qui est étonnant) clamer son bannissement pour mieux faire rejaillir sa posture de génial incompris.
Une chose est sûre, Nabe fait partie de ces personnages que l'on tient à l'écart mais que, paradoxalement, l'on aime exhiber de temps à autre. Le "monde du Livre" ronronnant et bien-pensant (en apparence) s'agite impitoyablement autour des frasques de cet énergumène, s'en distrait comme du fou à la cour.
Cela ferait-il de Nabe une victime pathétique?
Oui, car il est victime de ses colères, de sa morgue et de son orgueil si démesurés qu'il en arrive à retourner ses derniers défenseurs.
Oui, car il est pathétique de n'avoir plus que sa férocité à placarder sur les murs (avec autant de chance d'être lu qu'une bouteille à la mer d'échouer au bon endroit).
Nabe est une figure littéraire indépendante et libre, anecdotique sûrement. C'est un homme prisonnier de son personnage. Il a joué un rôle jusqu'à se faire envahir, torturé par ses haines. Je le plains. Il était drôle et féroce. Il n'est plus drôle et n'a pas la vacherie talentueuse de Léautaud ni de Céline. Avec Nabe, on connaît la couleur, il n'y a pas de surprise.
Depuis plusieurs mois, il pose ses violentes diatribes dans les rues de la capitale. Il s'y empare de l'actualité (coup de tête de Zidane; le film Indigène...) et la prend à rebrousse-poils. Il va contre l'opinion générale; il s'oppose!
Il donne un point de vue qui serait défendable s'il ne s'emportait pas. Ses obsessions l'envahissent, l'empêchent de juger sereinement, d'analyser avec justesse... il aborde des sujets sensibles et polémiques (racisme, antisémitisme, islamisme...) avec des brulots stériles et verbeux. Même si l'on perçoit, derrière l'aigreur et la hargne, une sensibilité profonde, Nabe intellectualise trop (pour aimer). Il s'enflamme. Volubile, il dérape et ne sert pas son talent, ni les idées qu'il développe.
Il est en guerre (on le croirait blessé) et ne peut engendrer que la guerre.
On aimerait que quelqu'un dise à cet homme (une personne qui l'aime suffisamment pour s'en faire entendre) :" hé, arrête, calme-toi, tu déconnes."

-Monsieur-

marc.edouard.nabe.free.fr/
(pour se faire une idée du personnage et consulter les tracts)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Même si l'on perçoit, derrière l'aigreur et la hargne, une sensibilité profonde, Finkielkraut intellectualise trop (pour aimer). Il s'enflamme. Volubile, il dérape et ne sert pas son talent, ni les idées qu'il développe.
Il est en guerre (on le croirait blessé) et ne peut engendrer que la guerre.
On aimerait que quelqu'un dise à cet homme (une personne qui l'aime suffisamment pour s'en faire entendre) :" hé, arrête, calme-toi, tu déconnes."

Anonyme a dit…

Que Finkielkraut ait des emportements n'est pas le sujet du message. Nabe et lui ne sont pas dans le même registre de discours ni de support. De toutes manières, le sujet de cet article concernait uniquement les tracts de Nabe, le moyen et la manière d'exprimer ses réactions par rapport à l'actualité. Je ne traite que de l'écrit et de la mise en forme qui m'interpelle. J'indique le lien vers le site de l'auteur pour que chacun juge par soi-même. Libre à nos lecteurs d'approuver ou non mon propos et ceux de Nabe.
-Monsieur-

Anonyme a dit…

Nabe, je l'ai lu. Dans son journal. De grandes parties. Mais pas les dernières. Et je l'ai vu de façon sporadique dans des émissions de télévision un brin atypiques. J'aime bien ce mec. C'est ce que j'appelle un anar de droite. Un type qui la ramène à sa façon. Un pamphlétaire comme on en fait peu ou plus. Il est vraiment blacklisté aujourd'hui. c'est sans doute pour cela qu'il cloue ses diatribes sur les murs de Paname. J'aimerais qu'il revienne au jazz. Il n'a pas son pareil pour décrire les grands musiciens noirs que lui a fait découvrir son père, Marcel. Au régal des vermines, même s'il fait mal à l'estomac, est un grand bouquin.
Merci à vous deux pour votre travail, pour votre goût très sûr et pour la qualité de votre plume.
A vite.
Anakin de l'EMM.