dimanche 30 mai 2010

Paris balades

Par la magie du Routard, la Tour Eiffel se transforme...
en Arc de Triomphe. C'est lamentable.

Et, on va encore accuser un stagiaire...

- Madame et Monsieur -

samedi 29 mai 2010

Vielles Maisons Françaises

Le dernier numéro de Vieilles Maisons Françaises est consacré au Cotentin. Outre le fait d'être bien illustrée, la qualité des articles rend cette revue particulièrement attrayante.
En axant leur dossier sur le patrimoine du Cotentin, les auteurs de VMF mettent en avant les liens entre familles et territoires. De la baronnie de Bricquebec aux châteaux du XIXème, nous voilà plongés au cœur de ce "pays" bercé par les eaux.

Si VMF, en s'attachant aux "patrimoines en mouvement", pouvait permettre de préserver nos demeures et leur environnement, pouvait ouvrir les yeux de nos décideurs et redonner le goût du pays à ses habitants, nous en serions ravis!
L'urbanisation massive qui ravage un territoire déjà meurtri par les bombardements de 1945, la graphiose des ormes et le remembrement, n'arrange malheureusement pas la cote d'amour pour ce pays entre deux mers.

Mais VMF a l'enthousiasme volontaire : les deux pieds dans la terre et le cœur à l'ouvrage. Ses rédacteurs nous livrent une belle leçon d'histoire prolongée jusqu'à nos jours. Ils mettent en avant les habitants de ces vieilles maisons. Comme ils ont raison! Car, au delà de l'aspect nobiliaire et poussiéreux attaché à ces grandes demeures patrimoniales, on découvre tout le courage et le dévouement nécessaires pour les maintenir en "vie".

Plus loin, un chapitre sur les marais du Cotentin, leur intérêt et leur mise en valeur, ouvre des pages d'Histoire souvent méconnues. Un encadré souligne le caractère spécifique et ancestral des constructions en terre crue que l'on pourrait qualifier de "durables" et "écologiques".
Notons dès maintenant deux ouvrages forts bien faits sur le bâti en terre de la région :

Entre Sèves et Taute de Erwan Patte (Inventaire du Patrimoine de Basse-Normandie) aux éditions Cahiers du Temps.
Architectures en terre. Marais du Cotentin et du Bessin de Erwan Patte aux éditions Cahiers du Temps.


Reprenons maintenant notre balade sur Bricquebec avant de regagner Valognes. Promenons-nous au gré de notre humeur, c'est le principe des journaux : on les prend, on les laisse, on y revient au p'tit bonheur...

Quelques articles complètent la revue, qui sur Vilmorin, qui sur l'Hôtel Lambert (avec des conclusions pertinentes sur cette affaire).

Un texte rebondit sur l'actualité pour mettre à l'honneur la Cité Universitaire ; endroit étonnant et remarquable tant par son architecture que par l'esprit du lieu "né d'une volonté pacifiste d'entente des peuples à travers l'amitié entre étudiants, chercheurs et artistes du Monde entier."

Et l'on se prend à rêver comme au soir d'une promenade...

- Monsieur -

VMF la revue du patrimoine n°232 , mai 2010.

Merci à Nicole Coulon de nous avoir indiqué le site trouverlapresse.com pour que l'on puisse se repérer dans le dédale des kiosques.

À ceux qui voudraient prolonger leur visite, nous conseillons vivement les photos de Brisjo sur Balade en Cotentin.

dimanche 23 mai 2010

Racines

Il y a des livres dont on ne peut pas dire grand chose tant leur beauté nous subjugue. Il en va ainsi de Racines. Il suffit de lire quelques critiques avec lesquelles on tombent d'accord pour que cela nous coupe l'herbe sous le pied.
Que rajouter de plus?
On aimerait en parler sans que ce soit une redite, vous renvoyer au texte, ajouter une pierre au jardin de ceux qui l'ont aimé... je parlerai avec amour.

De Pierre Duba d'abord, qui nous envoûte depuis des années avec son œuvre sombre, abstraite et maniérée ; son goût pour le Japon, les dialogues intérieurs ; les silences et l'absence.

De Racines ensuite, œuvre d'art lyrique.
La splendeur.
Cette maîtrise de la lumière qui se fraie un passage dans les cases les plus noires.
Le rouge organique, profond, sanguin, terrestre ; le sang mêlé de sueur et d'humeurs ; le feu ;
intérieur, épais, volcanique...

L'écriture.
Pierre Duba nous place au cœur de l'écriture.
On a tous nos fantômes, les écrivains en font une œuvre.

Racines est une plongée dans le magma créateur ; nous sommes, lecteur, au centre de l'anima,
au moment où tout bascule ; de l'imagination à l'expression,
de la main à l'écrit
aux premiers mots de l'Homme :
nus sur le papier, dessinés,
peints.


Les éditions Six Pieds Sous Terre ont particulièrement soigné la mise en pages.
Racines bénéficie également d'un grand format qui lui sied à merveille.

- Monsieur -

Racines de Pierre Duba aux éditions Six Pieds sous Terre, 2010.

jeudi 13 mai 2010

Livres de Papier

Le collectif Livres de Papier s'est créé en 2009 avec pour objectif de "résister à l'informatisation de l'écrit et du Monde".
Énoncé de cette façon le propos est abrupt. Surprenant.

Combattre la dématérialisation en tant qu'atteinte à la liberté et au lien social, révèle une dimension rarement abordée dans le discours sur la numérisation.
Le Journal des réfractaires à l'Ordre numérique approfondit les craintes et les suspicions que l'on pourrait avoir vis à vis des "nouvelles technologies" ou plutôt de l'usage qui nous en est imposé.

Leur revue est politique, avec des accents syndicaux ; pas vraiment radicale, pas toujours modérée. Elle peut hérisser plus d'un lecteur mais a l'avantage d'aborder le sujet de la numérisation sous un angle plus humain que technologique.
La réflexion est intéressante. Elle place au centre du débat la question de l'individu et la part de l'économie.
Il n'est d'ailleurs pas étonnant que leur combat rejoint en bien des points celui des communautés qui défendent le logiciel libre (curieux paradoxe).

Que l'on soit d'accord ou non avec eux, l'attention que l'on prêtera à leur journal ne sera pas du temps perdu.
La disparition des métiers du Livre est une réelle préoccupation, au delà de leurs transformations ; il s'agit de savoirs, du fondement même de nos sociétés qui se trouvent bousculés.

Sans aborder les aspects politico-économiques de Livres de Papier, j'ajouterai de l'eau au moulin de ses contributeurs en citant une anecdote concernant un prestataire de librairie. Celui-ci fournit des logiciels de gestion aux libraires, disquaires et papetiers. Je ne m'attarderai pas sur les fautes d'orthographe qui parsèment les différents messages de sa base de travail. Je citerai juste les termes utilisés par le technicien.
Là où le libraire parle d'éditeur, le technicien parle de marque. Là où le libraire commande des livres, le technicien commande des codes-à-barres aux fournisseurs. Pour le commercial comme pour l'informaticien, il y a donc un revendeur et un distributeur, entre les deux le livre est devenu un code-à-barres ; l'éditeur, une donnée insignifiante. Le décalage de perception et de concept est réel, même s'il peut se comprendre d'un point de vue professionnel ; le malaise est palpable...

Concernant la méfiance justifiée vis à vis des liseuses (pérennité du support, contrôle des lectures...), j'entamerai plutôt le chant des partisans en arguant que le cinéma n'a pas tué le théâtre, ni la photo la peinture. Et Internet ne tuera la télé que parce que l'usage et le contrôle de celle-ci en rendent le contenu affligeant.
Pour exemple de perspectives fabuleuses que les nouveaux supports offrent aux créateurs, je vous inviterais à regarder cette démo de Toy Story sur l'iPad (Aldus). Épatant ! Toute la gamme des produits dérivés Disney-Hachette déclinée sur un même support ! Les potentialités sont bluffantes. Au diable le marketing !
J'en veux pour preuve le dossier de Tony sur Du9 concernant les perspectives et possibilités de création grâce au numérique. L'article est, comme toujours sur ce site, fouillé et bien construit.

Notons aussi la position des auteurs par rapport au Livre numérique. Leur regroupement est une bonne chose dans un milieu où le cas par cas et la loi du silence sont monnaie courante.

- Monsieur -

Livres de Papier, journal des réfractaires à l'ordre numérique (à lire pour rester vigilant mais sans diaboliser).
Gratuit et disponible (entre autres) à la librairie Le Flâneur des 2 Rives au 60 rue Monsieur Le Prince dans le 6e arrondissement de Paris.

Collectif Livres de Papier, c/o Offensive, 21ter rue Voltaire, 75011 Paris.
Par correspondance, merci de les contacter à l'adresse livresdepapier@gmx.fr

samedi 8 mai 2010

Gouverner par le chaos

Gouverner par le Chaos est un essai sur la manière dont un gouvernement instaure le climat idéal pour la mise en place des réformes qu'il veut effectuer. Le sous-titre est d'ailleurs plus révélateur que le titre lui-même : ingénierie sociale et mondialisation. On sort de l'ambiguïté que pourraient entretenir le titre et l'anonymat des auteurs.

Le rappel volontaire à l'Insurrection qui vient et au Comité Invisible est expliqué dans la préface. C'est un soutien à la liberté de parole et une dénonciation du Pouvoir actuel. "Il y a un ordre à faire tomber".

La comparaison s'arrête là.

Gouverner par le Chaos ressemble plus à un essai de management qu'à un pamphlet politique, même si les conclusions sont aussi glaçantes que le combat volontaire.

En s'appuyant sur les théories de management et de marketing* (développées depuis des années et enseignées dans toutes les grandes écoles de "pouvoir"), à l'aide de nombreuses citations de conseillers en tous genres, l'auteur interprète et analyse la situation de "chaos" qui nous est imposée.
* Citons l'Art de la Guerre, le Traité de Manipulation à l'Usage des Honnêtes Gens, L'Art de culpabiliser, l'Art de convaincre... tout un programme d'instruction militaire (para-?), de conditionnement, d'embrigadement, qui fait les beaux jours du rayon Entreprise des librairies. De Machiavel à Plutarque, ces ouvrages sont parfois très anciens.

Gouverner par le Chaos n'est ni un appel ni un pamphlet : l'auteur explique que pour "imposer" les changements, nos gouvernants organisent la déstabilisation ("vous voyez le système actuel ne marche pas."), modifient la perception (ce n'est pas la réalité qui compte mais la façon dont on la perçoit), provoquent les crises pour mieux resserrer les boulons.
Avec force pédagogie, point par point, l'auteur enfonce le clou.
Cette démonstration est suffisamment efficace et plausible pour s'y arrêter avec intérêt.

Par contre, le bandeau Max Milo ne se justifiait pas. Ça casse un peu la crédibilité d'un tel ouvrage. On est dans une accroche où tout est sur le même plan : le titre à la façon "punk" ; "terroriste" sur fond rouge, comme une revendication adolescente, une formule aussi creuse que peu convaincante ; et, cerise sur le gâteau,
la récompense : 2010 euros ! Alors là, les bras m'en tombent. C'est l'erreur de casting. Pourquoi pas un ticket de loto ?
"Provoquer", Monsieur Milo ? Pour le coup c'est gagné, mais ce n'est pas très heureux même pour un anniversaire.

- Monsieur -

Gouverner par le Chaos aux éditions Max Milo (leur fonds jeunesse recèle de vraies petites perles).

samedi 1 mai 2010

Librairies et Quartier Latin :

Commençons par souhaiter la bienvenue à la librairie du Flâneur des 2 Rives sise rue Monsieur Le Prince à Paris. Leur site* est prometteur et leur vitrine présente quelques surprises alléchantes. Ses gens sont du Métier, ils sont du Livre et ont des convictions. Reste à leur rendre visite.

* celui-ci a été remplacé par une adresse Facebook.

Cette ouverture a été facilitée grâce au soutien de la Semaest. En effet, face à la fermeture des librairies du quartier Latin (41 entre 2003 et 2008), la mairie de Paris a décidé de prendre des mesures afin d'enrayer le phénomène. Le principe est simple : la Semaest achète un local (celui de la librairie Album pour le cas ci-dessus), fait des travaux et le loue pour une destination précise à un tarif préférentiel. Plusieurs librairies ont pu ouvrir dernièrement à Paris grâce à ce système.

Ceci n'est pas sans poser quelques questions par rapport

- à la concurrence déloyale que cela provoque vis à vis des libraires déjà installés ou qui ne bénéficient pas de ces aides. Toutefois, l'émulation est préférable à une désertification progressive et inexorable.
- à l'indépendance du libraire bien qu'elle semble garantie jusqu'alors.
- au financement de subventions publiques qui se font au profit d'établissements privés à caractère commercial. Je me fais volontairement critique...
- à l'immuabilité d'une ville. Celle-ci bouge, évolue, change comme tout organisme vivant. Le quartier Latin s'est déjà vidé de ses étudiants, et ceux-ci n'ont pas le même rapport à la lecture que leurs aînés. La ville doit-elle être fidèle à l'image qu'on se fait d'elle ou à la vie qu'on y mène?
- à la spéculation immobilière dont souffre toute la population (difficulté pour se loger, pour trouver des commerces de proximité abordables...).

N'y a-t-il pas des mesures concrètes à prendre au niveau mondial puisque les banques et les fonds de pension n'ont pas de frontières et que le problème se pose dans toutes les grandes villes?
Qui osera taper du poing sur la table plutôt que d'aménager les villes pour les touristes, de les organiser à la petite semaine avec un commerce par-ci un HLM par-là et des résidences ailleurs?
Quitte à faire du communisme, autant y aller carrément.

- Monsieur -

Un texte de Lekti apporte une réflexion intéressante sur le sujet.
Pour plus d'informations sur le Livre en Ile-de-France, une visite sur le site de l'observatoire du Livre et de l'Écrit est recommandée (le Motif).