mercredi 27 août 2008

Le Livre des Nuits

J'ai fait une pause dans la lecture des livres à paraître en cette très prochaine rentrée littéraire, pour me délecter de ce roman. Sombre, poétique, fantastique en bien des passages et pourtant ancré dans la réalité, on découvre avec Sylvie Germain de quelle façon les âmes se façonnent, l'influence des êtres humains sur leur entourage.
Il s'agit d'un texte dur, peu de sourires viennent affleurer la surface de cette histoire de famille française, rythmée par les conflits inter-générationnels et mondiaux.

Un jeune garçon, Victor-Flandrin, quitte les eaux calmes des canaux où il a toujours vécu sur le conseil de sa grand-mère, vieille fée bienfaitrice durement touchée par les épreuves qui ont jalonnées sa vie.
Après quelques années passées dans les profondeurs de la terre, après quelques temps d'errance, il arrive un jour au village de Terre-Noire, à la frontière du pays, dans ce coin où la guerre chaque fois s'annonce, et chaque fois se fait cruelle.
La ferme dans laquelle il s'arrime va devenir le nid de sa famille, là où ses enfants, tous jumeaux, vont naître, grandir et apprendre le monde en constante ébullition.
La vie de cet homme, marquée par les guerres de 1870, 14-18 et 39-45, est faite d'amour, de haine, de violence et de pleurs. Et de magie, aussi...

-Madame-

Le Livre des Nuits
de Sylvie Germain
éd. Folio Gallimard 2007
1985

mercredi 6 août 2008

La femme en vert

Dans un quartier en construction aux abords de Reykjavik, des enfants découvrent des ossements.
Le commissaire Erlendur Sveinsson, secondé par ses collègues Elinborg et Sigurdur Oli, enquête sur les causes de la mort de leur propriétaire. Cette recherche va faire remonter à la surface une sordide histoire de famille, vieille de plusieurs dizaines d'années:

Sous la violence de son mari, sous la chape de peur, intense, que celui-ci a abattu sur sa femme et ses enfants, une mère de famille tente de survivre, dans la crainte constante de se faire à nouveau tabasser, insulter.
Indridason fait résonner chaque cri de cette mère au plus profond de nous, chaque baffe nous frappe de plein fouet, chaque regard terrorisé des enfants vers leur mère nous flanque des frissons d'angoisse.
On retrouve ainsi en parallèle l'enquête du commissaire islandais et de son équipe, puis l'histoire de ses hommes et de ses femmes profondément marquées par la solitude et la famille plus que présente.

Arnaldur Indridason se plaît à nous démontrer l'importance de la Grande Histoire sur la petite, et d'un environnement difficile sur l'état d'esprit des Islandais. Au travers de son personnage central, Erlendur, qui subit lui aussi les affres de la paternité et de la vie en couple ratée, on visite une Islande noircie, sombre... et pourtant très attirante.


-Madame-

La Femme en vert
d'Arnaldur Indridason
éd. Points Seuil 2007
2001

La mesure du temps

Mamo et Lamamo, frères jumeaux nés en 1974 dans un village du Nigéria, ont un objectif très clair: devenir célèbres. Quel qu'en soit le moyen!
L'indifférence de leur père et la haine qu'ils entretiennent à son égard sera leur principal moteur.

On atteint la célébrité de bien des manières, eux choisissent de devenir soldats.
Mais Mamo est malade, seul son frère pourra fuir le village et accomplir son rêve.
Condamné à rester au village, Mamo lit et étudie pour combler l'ennui de journées d'inaction. Devenu professeur , il se lance dans l'écriture d'une Histoire de son peuple et décrit son pays: colonisation, christianisation sont des termes récurrents de cette Histoire, les grands personnages qui ont façonné l'économie et la politique du Nigéria sont souvent des blancs imbus de pouvoir, ou des noirs profitant de situations houleuses. Mamo rencontrera les descendants de ces personnages, et tentera de décrypter les documents qu'on voudra bien lui montrer.

Pendant ce temps, Lamamo traverse plusieurs pays d'Afrique en guerre. Les nouvelles qu'il envoie de loin en loin à son frère présente une autre réalité de l'Afrique, terrible, où la violence au quotidien devient presque anodine.

La mesure du temps nous décrit une Afrique quotidienne, politique, moderne , et éloigne définitivement l'image "Banania" que certains pourraient encore imaginer.
C'est un texte prenant, de ceux qui ne laissent pas insensible et se rappellent à nous à chaque évocation de ce continent.


-Madame-

La mesure du temps
de Helon Habila
éd. Actes Sud 2008